Mon père buvait et frappait ma mère. Elle a tenté de se suicider plusieurs fois. Adulte, j’ai connu la dureté de la rue. J’aurais pu basculer du côté obscur, mais j’ai choisi de ne rien lâcher.
J’ai eu une enfance et une adolescence très compliquées. Du sang et de la morve j’en ai vu. Je suis devenu indépendant très jeune.
Quand je me suis séparé de ma compagne après 7 ans, je me suis retrouvé sans hébergement. J’ai vécu en appart’hôtel quelques temps, puis j’ai dû partir.
Pendant 1 an et demi, j’ai alterné entre des périodes en foyer d’urgence et la rue. J’ai connu les bancs, les cartons, la recherche de nourriture et de points d’eau.
Ensuite on m’a aidé à retrouver un appart et j’ai refait ma vie. Avec ma fille on était en froid, elle n’a pas eu ma version.
Quand le covid est arrivé, j’ai perdu mon boulot. Je me retrouvais encore dehors… J’ai galéré entre le foyer d’urgence et la rue. Un jour j’ai voulu m’abriter à la gare et je me suis fait défoncer la tête par 3 mecs. Je me suis retrouvé sans chaussures pendant 3 jours et sans papiers. Ça a duré 1 mois avant que je sois accepté en foyer d’urgence.
Ici j’ai découvert la vie de famille. Je me suis déjà engueulé avec tout le monde mais derrière on arrive à discuter.
On a vraiment vécu des beaux moments. Je me souviens d’un concours de pesée avec les gars : celui qui prenait le plus de poids devait payer des burgers aux autres !
J’adore Axel, un jeune actif. C’est un vrai ami. Depuis qu’il est parti on se tient au courant et on se voit régulièrement. J’ai aussi renoué le contact avec ma mère.
Lazare m’a apporté de la stabilité. J’ai pu me recentrer et refaire des projets. Depuis 1 an je suis assistant d’éducation dans un internat de lycée. Au début le directeur était pas chaud à cause de mon âge mais à l’entretien il a dit que j’étais bien.
Quels que soient les problèmes, il faut continuer à avancer et à se battre. On tire des enseignements de chaque aventure. Ça permet de grandir, de réfléchir sur soi-même.
Bruno, coloc à Bordeaux